Appel pour un « Plan Muscle »

UN « PLAN MUSCLE » POUR DONNER A LA SCIENCE ET A LA MEDECINE DU MUSCLE, LES MOYENS DE TRANSFORMER LA VIE DES FRANÇAIS

Encore méconnu, le muscle, moteur du mouvement, est l’organe de tous les superlatifs : c’est le plus étendu de notre corps humain (plus de 600 muscles, 40% de notre masse corporelle), c’est une énorme réserve d’énergie, il est doté de grandes capacités de régénération et doué de propriétés bénéfiques sur de très nombreux autres organes.

Parce qu’elle catalyse prévention et innovation, la science et médecine du muscle – la myologie – a la capacité d’apporter des réponses concrètes à de nombreux enjeux majeurs auxquels la France doit aujourd’hui faire face : prévention des pathologies chroniques, santé des plus jeunes et autonomie des plus âgés, santé au travail, soutenabilité du système de santé, innovation thérapeutique, reconnaissance internationale….

A moins de 200 jours des Jeux Olympiques et Paralympiques, nous appelons aujourd’hui à la mise en place d’un « Plan Muscle » national et transversal autour de mesures issues des Assises du Muscle organisées le 1er juin 2023 au Conseil économique, social et environnemental, pour donner à la science et à la médecine du muscle les moyens de transformer la vie des Français.

I – LA SCIENCE ET LA MEDECINE DU MUSCLE SONT EN MESURE D’APPORTER DES REPONSES CONCRÈTES AUX PLUS GRANDS ENJEUX AUXQUELS LA FRANCE DOIT FAIRE FACE

La bonne santé du muscle est un marqueur de l’espérance de vie des Français.

Marcher, parler, porter, déglutir, respirer… Lorsque le muscle s’affaiblit, dégénère ou lorsqu’il cesse de fonctionner ce n’est pas seulement la force et le mouvement qui s’évanouissent, c’est la vie qui est en jeu.

En prendre soin tout au long de sa vie, c’est s’assurer de bien grandir, de bien vivre et de bien vieillir.

  1. LE MUSCLE EST AU CŒUR DES ENJEUX DE PRÉVENTION

Pour réduire la prévalence des pathologies chroniques qui touchent des millions de Français

En France, plusieurs millions d’individus souffrent de maladies chroniques. Préserver ou réhabiliter la fonction musculaire, grâce notamment à l’activité physique, est un outil de prévention primaire, secondaire et tertiaire clé qui permet, non seulement d’éviter l’émergence des maladies les plus fréquentes, mais aussi d’améliorer leur prise en charge et de réduire considérablement les risques de rechute.

Pour répondre aux enjeux d’autonomie tout au long de la vie

La santé et le développement de l’enfant et de l’adolescent imposent un développement musculaire harmonieux et une activité physique et sportive régulière. De même, la fragilité motrice constitue l’une des principales causes de la perte d’autonomie des personnes âgées : elle est irrémédiablement liée au capital musculaire entretenu tout au long de la vie. L’activité physique, et donc l’activité musculaire, est un outil majeur de prévention primaire et secondaire du bien grandir, du bien vivre et du bien vieillir dans un contexte où la sédentarité augmente fortement.

Pour améliorer les conditions de travail et éviter les maladies professionnelles

En France, les maladies professionnelles et les accidents de travail sont souvent liés à des atteintes musculaires ou squelettiques. La prévention et la prise en charge de pathologies graves liées aux conditions de travail les plus courantes du monde occidental – stress, troubles psychosociaux, sédentarité – passent entre autres par une bonne santé musculaire. Le développement de nouveaux modes de travail tels que le télétravail doit interroger les politiques de prévention au travail pour éviter d’aggraver les conséquences de la sédentarité.

Pour répondre aux enjeux de soutenabilité financière du système de santé

Au total, les dépenses associées à ces enjeux majeurs – en grande partie couvertes par l’assurance maladie à ce jour – s’élèvent à plusieurs dizaines de milliards d’euros, et devraient s’accroître dans les prochaines années face à l’essor des pathologies et accidents liés au déclin de l’activité physique. Ces coûts pourraient être significativement réduits par une considération renforcée du muscle et de son rôle dans la santé globale.

 

  1. LE MUSCLE EST AU COEUR DES ENJEUX D’INNOVATION EN SANTÉ

Depuis des décennies, la France est le fer de lance de la recherche et de l’innovation thérapeutique dans le domaine de la science et de la médecine du muscle. Que ce soit dans le domaine des maladies neuromusculaires ou dans ceux de la médecine du sport et de l’entraînement en conditions extrêmes, la France est dotée de structures de recherche fondamentale ou appliquée d’excellence, de réseaux de soins et de filières de santé dédiés, d’associations de patients ou de professionnels et d’experts parmi les plus actifs.

Nous vivons aujourd’hui une véritable période charnière avec une explosion des connaissances scientifiques, l’arrivée de très nombreuses approches et traitements innovants pour préserver et guérir le muscle malade incluant des révolutions thérapeutiques, telles que la thérapie génique. Le muscle, à lui seul, est un organe modèle, un laboratoire d’innovations thérapeutiques. Cette dynamique de recherche et d’innovation autour du muscle est sans conteste un levier pour renforcer le rayonnement international de la France, contribuant à renforcer le statut de la France comme terre d’excellence à la pointe de la recherche médicale et de l’innovation.

II – AU TRAVERS DE LEURS PREMIERS SUCCÈS, QUELQUES PIONNIERS DÉMONTRENT DEPUIS DES ANNÉES TOUT LE POTENTIEL DE LA SCIENCE ET MÉDECINE DU MUSCLE

Ces deux dernières décennies ont vu l’émergence de nouvelles structures dédiées à la science et médecine du muscle en France Filière Nationale de Santé des Maladies Neuro-Musculaires, Société Française de Myologie, Institut de Myologie, Observatoire national de l’activité physique et de la sédentarité, etc. – qui ont joué un rôle crucial dans la promotion de la recherche en myologie, le développement de traitements innovants et la sensibilisation du public aux enjeux liés à l’activité physique et sportive.

De nouvelles formations dédiées à la science et médecine du muscle sont apparues, prémices d’un début de reconnaissance de la myologie comme discipline par la communauté universitaire. Bien que l’on compte actuellement quelques dizaines de diplômes inter-universitaires et universitaires pour les étudiants et les médecins, portant sur la connaissance et la prise en charge des patients atteints de maladies neuromusculaires, il existe des lacunes majeures dans l’offre générale de formation destinée aux professionnels de santé quels qu’ils soient : l’enseignement autour du muscle dans tous ses états est très largement insuffisant et non structuré.

Les travaux de recherche sur le muscle se sont quant à eux démultipliés. L’intérêt croissant de la communauté scientifique et médicale pour le muscle s’est manifesté par une multiplication par 3 des publications depuis 2010, mais aussi du nombre d’équipes de recherche (ou de laboratoires) travaillant sur les propriétés du muscle et des maladies musculaires, contribuant largement à favoriser les connaissances dans le domaine.

A l’international, la médecine et science du muscle connaît aussi un essor considérable. En l’espace de quelques décennies, plusieurs sociétés savantes et consortiums internationaux dédiés au muscle ont vu le jour. Chaque année, des milliers de scientifiques du monde entier se retrouvent à l’occasion de congrès majeurs tels que le World Muscle Society Congress ou l’International Myology Congress pour partager les dernières connaissances sur le muscle, les maladies associées et les innovations thérapeutiques dédiées. La 8eme édition du congrès « International Myology congress », Myology 2024, qui se tiendra à Paris, en avril, sera ainsi un des évènements majeurs de 2024.

Cette structuration de la science et médecine du muscle au fil des ans a créé un environnement propice à de véritables révolutions thérapeutiques. Celle-ci a par exemple favorisé la mise au point de thérapies géniques pour certaines maladies neuromusculaires jusqu’alors incurables, et ouvert de nouvelles perspectives. Ce dynamisme de la recherche devrait permettre l’émergence de nouveaux médicaments et de stratégies thérapeutiques plus larges, ouvrant ainsi la voie à des avancées médicales significatives dans le domaine de la science et de la médecine du muscle au bénéfice du plus grand nombre.

III – AUJOURD’HUI, NOUS APPELONS À LA MISE EN PLACE D’UN « PLAN MUSCLE » NATIONAL POUR DONNER À LA SCIENCE ET A LA MÉDECINE DU MUSCLE LES MOYENS DE TRANSFORMER LA VIE DES FRANÇAIS

  1. Placer le muscle au cœur des stratégies de prévention

Pour sensibiliser le grand public au rôle vital du muscle dans le bien grandir, le bien vivre et le bien vieillir.  

  • Systématiser l’évaluation du capital musculaire de chaque Français grâce à des outils fiables et simples (mesure de la force et de la fonction musculaires) en mobilisant tous les professionnels de santé pour déployer des stratégies adaptées de prévention.
  • Concevoir et déployer, avec l’ensemble des acteurs de la science et de la médecine du muscle, des campagnes publiques de sensibilisation sur le rôle préventif du muscle et l’importance de l’activité physique à tous les âges de la vie dans la prévention et la prise en charge de nombreuses pathologies.
  • Promouvoir la pratique régulière d’une activité physique à tous les âges de la vie : assurer la pratique d’une activité physique régulière et adaptée chez l’enfant et l’adolescent, information renforcée sur les conséquences de l’inactivité physique et de la sédentarité, mise à disposition d’infrastructures permettant une pratique sportive dans le monde du travail, à l’hôpital, dans les établissements hébergeant des personnes âgées, …
  1. Accorder une véritable place au muscle dans les parcours de santé

Pour systématiser la pratique d’une activité physique dans les trajectoires de soin des Français lorsque cela est nécessaire.  

  • Former et informer les professionnels de santé sur les enjeux du muscle et les bienfaits de l’activité physique dans les parcours de soin afin de systématiser la prescription ou la recommandation d’activité physique lorsque cela est nécessaire.
  • Promouvoir auprès des patients souffrant de pathologies chroniques et des personnes âgées des mesures simples d’activité quotidienne pour préserver leur capital musculaire.
  • Intégrer ou renforcer les activités physiques adaptées (APA) dans les programmes de soin dès que l’état du patient le permet et permettre leur remboursement pour les patients souffrant de pathologies chroniques
  1. Faire reconnaître la myologie comme discipline médicale et scientifique transversale

Pour dispenser un enseignement en science et médecine du muscle auprès de l’ensemble des acteurs du monde médical

  • Former ou renforcer les compétences en myologie des professionnels de santé (médecins et paramédicaux) en ville et à l’hôpital, à travers l’instauration de formations dédiées (formations diplômantes, certification à la médecine de muscle …).
  • Renforcer les connaissances des étudiants en médecine sur la physiologie/biologie du muscle, la médecine du sport, le rôle des activités physiques dans la prévention primaire de la plupart des maladies chroniques et le maintien de l’autonomie au cours du vieillissement et Intégrer un enseignement transdisciplinaire dédié à la médecine du muscle dans toutes les filières d’enseignement en santé.
  • Faire reconnaitre la myologie comme une discipline transversale avec des postes dédiés ouverts aux spécialités médicales classiques concernées.
  1. Intensifier & financer la recherche sur le muscle

Pour faire de le science et médecine du muscle un axe de recherche prioritaire dans le cadre du « Plan Muscle » à travers différentes structures.

  • Identifier la « médecine et science du muscle » comme un axe scientifique à part entière reconnu par les agences et les Établissements publics à caractère scientifique et technologique (inter commissions dédiées au sein des instances de recrutement et d’évaluation des EPST).
  • Lancer des programmes de recherche d’excellence pour accélérer la recherche et l’innovation et attirer des talents (chaires d’excellence, appels d’offres ciblés, …)
  • Encourager un financement public/privé notamment à travers la mobilisation des acteurs issus du secteur privé

Face aux nombreux défis auxquels la France doit faire face dans les prochaines décennies et à moins de 200 jours des Jeux Olympiques et Paralympiques en France, il est plus que jamais nécessaire de lancer un grand « Plan Muscle », pour que ces Jeux aient, pour la première fois, une dimension scientifique forte et laissent comme héritage la reconnaissance de la science et médecine du muscle, un enseignement structuré et des recherches accrues pour la santé de tous. 2024, année de l’activité physique et sportive comme Grande Cause Nationale, doit être aussi l’année du Muscle !

Signataires

L’ACADEMIE NATIONALE DE MEDECINE, représentée par sa Présidente, le Pr Catherine BARTHELEMY ; Anne-Marie ARMANTERAS, Présidente du Conseil d’Administration de l’ANAP, Présidente du Think tank HEALTH&TECH, Paris, Ex-Conseillère santé du Président de la République ; Philippe BARRET, Directeur Général Groupe APICIL ; Alain BERNARD, Nageur de haut niveau, double champion olympique, champion du monde et multiple recordman du monde ; Pr Xavier BIGARD, Médecin du sport, Physiologiste, Directeur médical Union Cycliste Internationale, Membre de l’Académie nationale de médecine ; Serge BIZOUERNE, Fondateur de Domplus Groupe, Président du fonds de dotation « Priorité à la personne » ; Fabien CANU, Directeur général de l’INSEP (Institut National du Sport, de l’Expertise et de la Performance) ; Pr Fabrice CHRETIEN, Chef du service de neuropathologie GHU Paris Psychiatrie Neurosciences – Université Paris Cité – Directeur de la Stratégie scientifique de l’Institut de Myologie ; Vincent CLERC, Triple vainqueur du tournoi des 6 nations, vice-champion du monde, triple vainqueur de la coupe d’Europe en club, triple champion de France, consultant sportif ; Maryline COLOMBO, Présidente de la Fédération Française d’Education Physique et de Gymnastique Volontaire ; Le CONSEIL ÉCONOMIQUE, SOCIAL ET ENVIRONNEMENTAL représenté par son Président, Thierry BEAUDET ; Grégory COUPET, ancien international de football, 7 fois champion de France, consultant sportif ; Véronique DAVANT, Présidente du Syndicat des Particuliers Employeurs ; Pr Dominique DEVILLE DE PERIERE, Professeur des universités- Praticien hospitalier en odontologie à Montpellier, Membre du Directoire de l’Institut Curie ; Stéphane DIAGANA, Double champion du monde de 400 m haies, consultant sportif, membre de la commission des athlètes des JO 2024 ; Philippe DIALLO, Président de la Fédération Française de Football ; Arnaud DI PASQUALE, un titre ATP en simple, médaille de bronze aux Jeux olympiques de Sydney, ancien 39ème joueur mondial classement ATP ; Marie-Laure DREYFUS, Déléguée Générale du C.T.I.P Centre Technique des Institutions de Prévoyance ; Pr Martine DUCLOS, Médecin endocrinologie et métabolismes, service de médecine du sport et des explorations fonctionnelles, CHU Clermont-Ferrand ; Pr Bertrand FONTAINE, Neurologue, Directeur du Centre de Recherche en Myologie, Chef du service Neuro-Myologie, Directeur scientifique et médical, Institut de myologie, Hôpital de la Pitié-Salpêtrière ; Florian GRILL, Président de la Fédération Française de Rubgy ; Jean-Luc GRILLON, Président de la Société Française Sport Santé ; Claudie HAIGNERE, ancienne Ministre, Spationaute, Médecin, Docteur en neurosciences ; Marine LORPHELIN, Médecin généraliste, chroniqueuse Télématin et Magazine de la santé, autrice et créatrice de contenus santé ;  Michaël JEREMIASZ, 4 médailles paralympiques dont un titre en double à Pékin en 2008, Porte-drapeau de la délégation française aux Jeux Paralympiques 2016, chef de mission de la délégation française des Jeux de Paris 2024, consultant sportif ; Pascal MAIRE, Directeur de recherche Inserm, département de Développement Neuromusculaire, Génétique et Physiopathologie, Institut Cochin, Paris (France) ; MAJOR MOUVEMENT, personnalité publique dans l’univers santé ;  Didier MIRATON, ancien Gérant du groupe Michelin ; Yann LE MOENNER, Directeur général de l’entreprise AMAURY SPORT ORGANISATION ; Gilles MORETTON, Président de la Fédération Française de Tennis ; Olivier PADIEU, Président du Groupement Optic 2000 ; Vincent PARISI, Champion du monde de ju-jitsu combat, consultant sportif et chroniqueur ; Brigitte PISA, Présidente Agirc-Arco ; Pr Yves ROQUELAURE, professeur de médecine et santé au travail, CHU et Université d’Angers; directeur de l’équipe Epidémiologie en Santé au Travail et Ergonomie – IRSET, Inserm 1085 ; Dr Robert SEBBAG, infectiologue à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière à Paris (AP-HP) ; Dr Marc ROZENBLAT, Président du Syndicat national de la médecine du sport ; Claude SÉRILLON, journaliste français ; Nathalie SIMON, véliplanchiste, animatrice de radio et de télévision ; Djamel SOUAMI, Conseiller CESE, membre de la Commission des Affaires sociales et Santé, ancien Président du C.T.I.P Centre Technique des Institutions de Prévoyance ; Philippe SPANGHERO, ancien joueur de Rugby à XV français, consultant rugby pour les médias ; Laurence TIENNOT-HERMENT, Présidente de l’Association Institut de Myologie, Présidente de l’AFM-Téléthon ; L’URPS des médecins libéraux d’Île-de-France ; Pr Raphaël VIALLE, Professeur des Universités – Praticien hospitalier, Chef du service de Chirurgie orthopédique et réparatrice de l’enfant, Hôpital Trousseau – AP-HP

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